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sait déjà. Et comme l’élève récite au goût du maître tout ce qu’on lui demande, le maître pense qu’il apprend quelque chose à ses élèves et que ceux-ci font de grands progrès, et, sans faire attention à ce qui est le plus difficile dans l’enseignement, c’est-à-dire d’enseigner des choses nouvelles, le maître reste tranquillement à la même place. Il en résulte que notre littérature pédagogique est envahie de manuels pour l’enseignement visuel, de manuels sur la direction des jardins d’enfants (une des créations les plus monstrueuses de la nouvelle pédagogie), avec les tableaux, les livres de lecture où se repètent toujours les mêmes récits, sur le renard, le tétras, les mêmes vers qui, on ne sait pourquoi, sont écrits en prose, en diverses combinaisons et explications. Mais nous n’avons pas un seul nouveau livre de lecture pour les enfants, pas une seule grammaire russe, ou slave, ni un dictionnaire slave, ni une bonne arithmétique, ni une géographie, ni une histoire à l’usage des écoles populaires. Tous les efforts portent sur les manuels pour enseigner aux enfants ce qu’il est impossible, même inutile, de leur apprendre à l’école, ce que tous les enfants apprennent dans la vie. Et, naturellement, des livres de cette sorte il peut en paraître indéfiniment car il ne peut y avoir qu’une arithmétique, mais les digressions et les exercices du genre de ceux que j’ai cités, de Bounakov, et les exemples de décomposition des nombres, d’Evtouchevsky,