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Tout cela se fera par les fonctionnaires du ministère de l’Instruction publique et par les arbitres territoriaux avec l’aide de la police locale. Mais comment et en se basant sur quoi ?

Partout sont créées des écoles en nombre proportionnel à la population. Sans parler de l’impossibilité de niveler toute la population russe, sous le rapport de l’instruction, il me semble en outre très incommode et même nuisible de niveler ainsi l’instruction. Il y a des provinces, des districts, des arrondissements, qui ont un grand besoin d’écoles (certains arrondissements peuvent fournir de deux cents à trois cents élèves par mille habitants), et d’écoles à programmes très larges. Il y a au contraire des localités (où cinquante et même dix élèves par mille habitants ne donnent même pas la mesure proportionnelle de la nécessité de l’école) où l’école obligatoire n’existe pas et sera nuisible ou du moins exigera une dépense inutile.

Je connais des localités distantes d’une vingtaine de kilomètres ; dans l’une, il y a une école gratuite et personne n’y envoie les enfants ; dans l’autre, on y vient de trois kilomètres et l’on paie volontiers cinquante kopeks par mois. La création obligatoire des écoles en nombre proportionnel à la population, dans la première localité, produira seulement la méfiance et l’hostilité contre l’école ; dans la seconde, la proportion générale pour toute la Russie sera insuffisante. C’est pourquoi la créa-