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autre élève de l’école de Iasnaïa-Poliana, qui avait étudié autrefois chez le sacristain, un garçon de dix ans, un jour m’amena son frère. Celui-ci, un enfant de sept ans, lisait bien et son frère lui avait appris à lire durant l’hiver, à la veillée. Je connais des exemples pareils et quiconque voudra chercher parmi le peuple en trouvera beaucoup. Alors, à quoi bon inventer de nouvelles méthodes et, coûte que coûte, abandonner bouki-az-ba et considérer que toutes les autres méthodes, sauf celle-ci, sont bonnes ? En outre, la langue et l’alphabet russes ont un grand avantage sur toutes les langues et alphabets européens, et, vu leurs différences, il faut, pour apprendre à lire et à écrire le russe, une méthode toute particulière. L’avantage de l’alphabet russe consiste en ceci : que chaque son se prononce tel qu’il s’écrit, ce qui n’existe en nulle autre langue, et qu’il n’y a pas de consonnes composées comme ch, ph, sch, etc. Ainsi quelle méthode est la meilleure pour apprendre à lire et à écrire le russe ? Ce n’est pas la nouvelle méthode phonétique ni la méthode plus ancienne des syllabes, ni celle des voyelles, celle de Zolotov. En un mot il n’y a pas de meilleure méthode. La meilleure méthode, pour un certain maître, est celle qu’il possède le mieux. Toutes les autres méthodes que le maître connaît ou invente doivent aider à l’étude commencée par une méthode quelconque.

Chaque peuple et chaque langue ont un lien