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Nous entrâmes ; huit garçons étaient en tas.

— « À vos places ! » cria le maître avec la voix de la plus vieille méthode. Les enfants se mirent en cercle et redressèrent le corps. Pendant près d’une heure il nous raconta qu’autrefois, dans toute la capitale, on employait cette méthode phonétique, que maintenant elle n’était plus employée que dans une seule école, et qu’il voulait la rénover. Les enfants étaient toujours debout. Enfin, il prit sur la table un petit carton portant l’image d’une souris. — « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il en montrant la souris. — « Un bœuf », répondit l’enfant. — « Qu’est-ce que c’est : ssss ? » L’enfant répéta ssss. — « Et cela o, u, rrr, i, ss, ensemble, souris. » L’enfant pouvait à grand’peine nous donner ces réponses apprises par cœur. Je posai diverses questions ; personne ne savait rien sauf souris et bœuf.

Sont-ils à l’école depuis longtemps ? Le maître fait ces expériences depuis deux ans déjà. Tous les enfants ont de six à neuf ans, de vrais enfants vivants, pas des mannequins…

Quand je fis observer au maître qu’en allemand la méthode phonétique s’emploie autrement, il m’expliqua qu’en Allemagne, malheureusement, la méthode phonétique disparaît. J’essayai de le convaincre du contraire, mais lui, pour prouver son idée, m’apporta d’une pièce voisine cinq alphabets allemands des années 1830 et 1840, et non composés d’après la méthode phonétique. Nous