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— « Voilà, comment s’appelait-il, Barikave, hein ? commença l’un. Il est allé à la guerre contre… contre ? » — « Morislav ? Léon Nikolaïevitch, » souffla une fillette. — « Mstislav », corrigeai-je. » — « Et il l’a écrasé à plate couture, » fit l’un, très fier. — « Attends, il y avait un fleuve… » — « Et son fils a rassemblé l’armée et écrasé… comment s’appelle-t-il ? » — « Mais, tu ne comprends donc rien ? » intervint la fillette, qui est très intelligente. — « C’est un nom étrange, » dit Siemka. — « Eh bien ! Mislav, Chrislas. Ah, quel nom ! » — « Mais pourquoi m’arrêtes-tu si tu ne sais pas ? » — « Et toi, tu sais… Tu es bien rusé ! » — « Mais pourquoi pousses-tu ? » Les plus intelligents essayent encore et trouveraient peut-être si on leur soufflait quelque chose.

Mais que tout cela était pitoyable, misérable ! C’était si pénible de voir tous ces enfants (ils étaient comme des poules auxquelles on a jeté d’abord des graines puis ensuite du sable : elles ne comprennent plus rien et sont prêtes à s’écraser mutuellement), que le maître et moi décidâmes de ne plus renouveler cette faute. Laissant de côté la période des princes apanagés, nous continuâmes l’histoire russe et voici, d’après les cahiers des élèves de la classe supérieure, les résultats que nous avons obtenus.

Du cahier de l’élève V. R… — « Nos ancêtres s’appelaient les Slaves. Ils n’avaient ni rois, ni princes. Ils se sont partagés en familles. Ils guerroyaient