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ne se cachait derrière le dos d’un autre pour s’esclaffer. Tous écoutaient avec un tremblement de cœur et une admiration sincère. L’histoire de Loth et de ses filles, l’histoire de Judas excitent l’horreur et non le rire…

Comme tout cela est compréhensible et clair pour un enfant, et, en même temps, comme c’est sévère et sérieux ! Je ne puis m’imaginer quelle instruction serait possible si ce livre n’existait pas ! Et pourtant l’on se demande à quoi servent ces récits qu’on apprend dans l’enfance et qu’on oublie ensuite, et ce qui serait changé si nous ne les connaissions pas du tout ?

Cela nous paraît ainsi tant que nous ne contrôlons pas sur les autres enfants les éléments de notre propre développement. Il semble qu’on puisse apprendre aux enfants à lire, à écrire, qu’on puisse leur donner une idée de l’histoire et de la géographie, et des phénomènes de la nature sans la Bible et avant la Bible, et, cependant, cela ne se fait nulle part. Avant tout l’enfant apprend la Bible : ses récits et ses extraits. Le premier rapport d’un élève envers son maître est basé sur ce livre. Un fait aussi général n’est pas dû au hasard : mes rapports avec mes élèves en dehors de l’école de Iasnaïa-Poliana, rapports tout à fait libres, m’ont aidé à m’expliquer ce phénomène.

L’enfant ou l’homme qui entre à l’école (je ne fais aucune différence entre l’homme de dix ans,