dant la nuit et personne ne peut nous les expliquer. »
Joseph dit : « Lesquels ? » L’échanson se mit à raconter :
« J’ai vu que j’arrachais trois grappes, que
j’en exprimais le jus et le servais au roi. » Joseph
dit : « Dans trois jours tu seras réinstallé dans tes
fonctions. » Après, le panetier se mit à raconter :
« J’ai vu que je portais douze pains dans un panier.
Et les oiseaux saisirent le pain et le becquetèrent. »
— « Dans trois jours tu seras pendu et les oiseaux
becquèteront ta chair. » Et il en arriva ainsi. Une
nuit, le roi Pharaon eut deux songes. Il rassembla
tous les devins, mais personne ne pouvait les lui
expliquer. Alors l’échanson se souvint et dit : « Je
connais un homme capable de deviner. » Le roi envoya
une voiture pour amener Joseph. Quand il fut
arrivé, le roi lui raconta : « J’étais au bord d’une
rivière et il m’apparut sept vaches grasses et sept
vaches maigres. Les maigres se jetèrent sur les
grasses et les dévorèrent, et cependant elles ne devinrent
pas grasses. » Et voici mon autre rêve :
« Sur une tige il y avait sept épis pleins et sept épis
vides ; les vides se sont jetés sur les pleins, les ont
dévorés et ne sont pas devenus pleins. » Joseph dit :
« Voici ce que cela signifie : Sept années seront
fertiles et sept années seront stériles. » Le roi fit
cadeau à Joseph d’une chaîne d’or qu’il lui mit à
travers l’épaule : il lui donna l’anneau de sa main
droite et le chargea de faire construire des granges
pour le blé. »
Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/430
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
