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rades. Les sujets de composition naissent spontanément des descriptions d’événements, des rapports mutuels entre gens et de la transmission de récits entendus.

Leur occupation favorite, c’est la narration. Dès qu’en dehors de l’école les élèves des grandes classes tombent sur du papier et un crayon, ils écrivent tout de suite un conte de leur fantaisie. Au commencement, j’étais déconcerté par la disproportion des diverses parties des compositions. J’observais ce qui me semblait nécessaire, mais les élèves ne comprenaient pas et le travail allait mal. Ils paraissaient toujours n’avoir d’autre préoccupation que celle de ne pas faire de fautes.

Et maintenant, nous constatons souvent le mécontentement des élèves quand la composition est trop longue, ou qu’il y a de trop fréquentes redites, ou le passage sans transition d’un sujet à l’autre. En quoi consistent leurs exigences, il est difficile de le dire, mais ces exigences sont légitimes. — « Pas bien ! » crient quelques-uns en écoutant les compositions de leurs camarades. D’autres ne veulent pas lire leur devoir quand celui d’un camarade a été trouvé bon. D’autres arrachent leurs cahiers des mains du maître, mécontents de n’avoir pas aussi bien réussi qu’ils le souhaitaient, et ils lisent eux-mêmes. Certaines personnalités commencent à se dessiner si nettement que nous forçons les élèves à deviner à qui appartient la com-