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plus. Moi, je me débattais seulement à cause de la forme qui était mauvaise et, en tâchant de la redresser, j’entraînais toute la classe pour tout l’après-midi, embrouillant beaucoup le sens. Une autre fois je n’eus pas plus de succès en voulant expliquer le mot instrument. Le même jour, à la classe de dessin, l’élève T… protesta contre le maître qui exigeait qu’on mît sur les cahiers : Dessins de Romachka. Il disait : « C’est nous qui avons dessiné dans le cahier, et Romachka a inventé les modèles, c’est pourquoi il faut écrire : L’œuvre de Romachka. » Comment la différence de ces conceptions lui était-elle venue en tête, c’est pour moi un mystère qu’il vaut mieux ne pas essayer de pénétrer.

Il faut donner à l’élève l’occasion d’acquérir de nouvelles idées et le sens général des mots. S’il entend ou lit un mot incompréhensible dans une phrase qu’il comprend, une autre fois, dans une autre phrase, il commencera à se représenter vaguement la nouvelle conception et il sentira, enfin, par hasard, la nécessité d’employer ce mot, et une fois employé, ce mot et sa conception deviennent sa propriété. Et il y a des milliers d’autres voies. Mais, selon moi, il est aussi inutile et impossible de donner consciemment à l’élève les nouvelles conceptions et formes des mots que d’apprendre à l’enfant à marcher selon les lois de l’équilibre. Toute tentative pareille loin de conduire l’élève vers le but proposé l’en éloigne, comme la main