les livres de cette sorte, sans aucune exception,
même les légendes du peuple russe, les proverbes
de Sniéguirev, les annales, et toutes les œuvres classiques
de la littérature ancienne. J’ai remarqué que
les enfants ont plus de goût que les adultes pour
ces sortes de livres. Ils les relisent plusieurs fois,
les apprennent par cœur, les emportent avec plaisir
à la maison, et, dans leurs jeux et leurs conversations,
se donnent mutuellement les sobriquets des
antiques bylines et des chansons. Les adultes, soit
qu’ils aient moins de naturel, soit qu’ils prennent
déjà le goût de la langue artificielle, ou qu’ils
sentent inconsciemment le besoin de connaître la
langue littéraire, sont moins passionnés pour les
livres de cette sorte et préfèrent ceux dans lesquels
les mots, les images, les pensées sont à moitié incompréhensibles
pour eux. Mais quel que fût le
livre du genre préféré des élèves, le but que,
peut-être à tort, nous nous étions assigné n’était
pas atteint. Entre ces livres et la langue littéraire,
le même abîme se creusait. Jusqu’à présent, nous
ne voyons aucun moyen de sortir de ce cercle vicieux,
bien que nous ayons fait et fassions continuellement
de nouvelles tentatives et de nouvelles
suppositions. Nous tâchons de trouver notre faute
et nous demandons à tous ceux qui ont cette affaire
à cœur de nous communiquer les résultats de leur
propre expérience et la solution de la question.
Cette solution consiste pour nous à savoir s’il est
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