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bigarrée, qui n’est point soumise à la règle générale ? À cela, je répondrai que s’il y a une difficulté c’est parce que nous ne pouvons pas renoncer à notre habitude de voir en l’école une compagnie disciplinée de soldats, commandée aujourd’hui par un lieutenant et demain par un autre. Pour le maître qui admet la liberté de l’école, chaque élève se présente comme un être particulier qui a ses exigences spéciales, que, seule, la liberté du choix peut satisfaire.

Sans cette liberté et ce désordre extérieurs, qui semblent si étranges à quelques-uns et si impossibles, non seulement nous n’aurions jamais trouvé ces cinq moyens de lecture, mais nous n’aurions jamais su les employer dans la mesure conforme aux exigences des élèves, et, par conséquent, nous n’aurions jamais atteint le résultat brillant que nous avons obtenu ces derniers temps.

Que de fois m’est-il arrivé de voir l’étonnement des visiteurs de notre école, qui voulaient, en deux heures, étudier la méthode d’enseignement qui, chez nous, n’existe pas, et en outre, pendant ces deux heures, nous exposaient la leur ! Que de fois m’est-il arrivé d’entendre ces visiteurs conseiller le même procédé, qu’ils ne connaissaient pas et qui, sous leurs yeux, était en vigueur à l’école, sans être toutefois une règle despotique, obligatoire pour tous !