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qu’a employé quiconque sait lire couramment, consiste à donner un livre à un élève et à le lui laisser comprendre de lui-même et comme il lui plaira. L’élève qui a appris à composer les mots au point qu’il ne se sent plus le besoin de demander à un adulte de lire avec lui et qu’il compte sur soi-même, aime toujours ce procédé de lecture dont se moque tant Gogol dans son Pétrouchka et, grâce à cette passion, il progresse. Comment parvient-il à lire, Dieu le sait, mais par ce moyen il s’habitue à la figure des lettres, au procédé des syllabes, à la prononciation des mots et même à la compréhension et plusieurs fois, par l’expression, je compris combien nous avait retardés cette obstination à vouloir que les élèves comprennent ce qu’ils lisent. Il y a beaucoup d’indépendants qui ont appris à bien lire par ces moyens, malgré les défauts de chacun d’eux.

Le troisième moyen d’apprendre à lire consiste à apprendre par cœur des prières, des poésies, en général toute page imprimée, et à prononcer ce qu’on apprend en suivant le livre. Le quatrième moyen, si nuisible à l’école de Iasnaïa-Poliana, consiste à faire lire le même livre par deux ou plusieurs élèves. Il naquit de lui-même dans notre école. D’abord les livres manquaient et deux élèves se mettaient devant le même livre. Cela leur plaisait et quand on disait : — « La Lecture ! » les camarades égaux en savoir se groupaient par deux ou trois, s’installaient devant un livre, l’un d’eux lisait, les