de son être aspirent au développement, elles se devancent
l’une l’autre et, dans la plupart des cas, nous
prenons pour but le mouvement même d’une certaine
faculté, nous aidons à son développement et
non à l’harmonie. Et c’est la faute éternelle de toutes
les théories pédagogiques. Nous voyons notre idéal
devant nous quand il est derrière nous. Le développement
nécessaire de l’homme est non seulement
le moyen d’atteindre cet idéal d’harmonie que
nous portons en nous, c’est l’obstacle mis par le
créateur pour atteindre l’idéal supérieur de l’harmonie.
Dans cette loi nécessaire du mouvement en
avant est le sens de ce fruit du bien et du mal que
goûta notre aïeul. L’enfant fort paraît au monde en
satisfaisant entièrement aux exigences de l’harmonie
absolue envers le vrai, le beau et le bien que
nous portons en nous. Il est très proche des êtres
inanimés, de la plante, de l’animal, de la nature,
qui nous représente toujours cette vérité, cette
beauté et ce bien que nous cherchons et désirons.
Dans tous les siècles et chez tous les peuples, l’enfant
est représenté comme l’emblème de l’innocence,
de la pureté, du bien, de la vérité et de la
beauté. L’homme naît parfait. C’est le grand mot
dit par Rousseau et cette parole restera vraie et
ferme comme un roc. En paraissant au monde,
l’homme représente l’harmonie de la vérité, de la
beauté et du bien. Mais chaque heure de sa vie,
chaque moment, augmente l’espace, la qualité et le
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