reuse s’est hâtée ; elle partit le serrer. Quand elle
revint, elle dit : — Où l’as-tu pris ? — J’étais sous-officier,
j’avais l’argent du Trésor, je le distribuais
aux soldats, et il m’en est resté. Je l’ai conservé. Ma
mère était très contente, elle courait comme une
folle. Le jour était fini, il faisait nuit. On alluma
le copeau. Mon père prit le livre et se mit à lire.
Je m’assis à côté de lui et l’écoutai : ma mère
tenait le copeau. Le père lut longtemps. Ensuite on
se coucha. Je me suis couché sur le banc du fond
près de mon père et ma mère se coucha à nos
pieds, et ils causèrent longtemps, presque jusqu’à
minuit. Ensuite ils s’endormirent. »
De nouveau un détail, un rien, mais qui vous frappe et vous laisse une impression profonde : comment ils se couchèrent. Le père se couche avec le fils, la mère aux pieds, et, de longtemps, ils ne peuvent cesser de parler. Comme le fils devait se serrer contre la poitrine de son père, et comme ce devait lui sembler bon de s’endormir aux sons de ces deux voix, lui qui, depuis longtemps, n’avait pas entendu l’une d’elles. Tout semble fini : le père est de retour, la misère a fui. Mais Fedka ne s’en contente pas. (Ses personnages imaginaires étaient trop vivants à son imagination.) Il lui faut encore se représenter le tableau de leur vie nouvelle : Cette femme n’est plus une femme de soldat, triste, avec de petits enfants, maintenant un homme est dans la maison, il enlèvera des épaules lasses de sa