gouine, les commérages qu’elle rapporte des champs
l’été ou de la rue l’hiver, dans la triste solitude de
la femme du soldat, je sens qu’elle représente la
gaieté, la jeunesse et l’espoir. Ce n’est pas en vain
qu’il dit que la seule fête fut le mariage de la
sœur. Ce n’est pas en vain qu’il décrit avec tant
d’amour et de détails la gaieté des noces, ce n’est
pas en vain qu’il fera dire à la mère, après les
noces : « Maintenant, nous sommes ruinés jusqu’au
bout. » On voit qu’une fois la fille mariée, ils
perdent cette gaieté et cette joie qu’elle apportait
dans la maison. Toute cette description du mariage
est extraordinairement bien. Il y a là des
détails devant lesquels on reste étonné, et, en se
rappelant que c’est écrit par un enfant de onze
ans, on se demande : N’est-ce pas un hasard ? On
voit, à travers cette description forte et variée, ce
garçon de onze ans, pas plus haut que la table, les
yeux intelligents et attentifs, auquel personne n’a
fait attention et qui se rappelle tout et remarque
tout. Quand il a voulu du pain par exemple, il ne
dit pas qu’il l’a demandé à sa mère mais qu’il a
penché la tête de sa mère. Et ce n’est pas dit par
hasard, c’est dit parce qu’il se rappelle le rapport
existant alors entre sa taille et celle de sa mère,
sa timidité avec celle-ci devant les autres et son
abandon quand il est seul près d’elle.
Autre chose : parmi les milliers d’observations qu’il pouvait faire pendant les noces, il se rappelle