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que ses désavantages sont sensibles pour plusieurs.

M. Dalle, l’observateur consciencieux, a publié ses observations sur l’influence de l’imprimerie sur le peuple. Il a déclaré que l’imprimerie déprave les gens du peuple. Tous les fervents du progrès clamèrent contre l’observateur : on décida que l’art de la lecture et de l’écriture est nuisible quand il est l’exception et que son mauvais côté disparaîtra quand il deviendra général.

Cette supposition est peut-être spirituelle, mais ce n’est qu’une supposition. Et le fait reste le fait que mes propres observations confirment et que confirment tous les hommes qui ont des rapports directs avec le peuple, avec les marchands, les bourgeois, les policiers, les prêtres et même les paysans. Mais on me dira peut-être, en reconnaissant la justesse de mes raisons, que le progrès de l’imprimerie, sans apporter d’avantages directs au peuple, contribue à son bien-être parce qu’il adoucit les mœurs de la société, que la solution de la question du servage, par exemple, n’est que l’eftet du progrès de l’imprimerie. À cela je répondrai que l’adoucissement des mœurs de la société est encore à prouver, que moi, personnellement, ne le vois pas et ne trouve pas obligatoire d’y croire sur parole. Je ne trouve pas, par exemple, que les rapports de l’industriel envers l’ouvrier soient plus humains que ceux du propriétaire terrien envers son serf. Mais c’est mon opinion personnelle qui ne