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quoi, ici, le besoin de l’égalité, l’instinct, pourquoi ici tout ce fatum, la loi inconnue du mouvement qui ne permet pas une chose et ordonne de faire une autre ? Qui l’a avoué ou prouvé ? S’il faut nier, comme le fait le comte Tolstoï, l’influence éducatrice de la génération adulte sur la jeune, alors en quoi faut-il voir cette merveilleuse loi ? La mère aime son enfant, elle veut satisfaire ses besoins et, consciemment, sans aucun besoin mystique, elle sent la nécessité de s’adapter à sa raison primitive, de lui parler le langage le plus simple. Non seulement elle n’aspire pas à l’égalité pour son enfant, ce qui serait antinaturel au plus haut degré, au contraire, intentionnellement, elle tâche de lui transmettre tout le superflu de son savoir. C’est dans cette transmission naturelle des acquisitions spirituelles d’une génération à l’autre que consiste le mouvement de l’instruction qui n’a besoin d’aucune nouvelle loi spéciale. Chaque siècle verse son tribut dans le tas commun et, plus nous vivons, plus grandit cette masse et plus nous nous haussons avec elle. Ce fait est banal tant il est connu et je ne vois aucune raison d’aspirer à ébranler une vérité si évidente logiquement et historiquement. »

Voilà le meilleur spécimen de l’opinion historique. Vous cherchez l’explication du phénomène le plus remarquable de la vie, vous supposez que vous avez trouvé la loi générale qui est la base du