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Je réponds à la première question : la non-immixtion de l’école dans l’œuvre de la culture, cela signifie la non immixtion de l’école dans la formation des croyances, des convictions, du caractère de celui qu’on instruit. Cette non-immixtion s’obtient en laissant à l’élève l’entière liberté d’accepter l’étude qui est conforme à ses exigences, de l’accepter tant qu’elle lui sera nécessaire et tant qu’il le voudra, et de s’en affranchir dès qu’elle ne lui sera plus nécessaire et qu’il ne le voudra plus. Les conférences publiques, les musées sont les meilleurs modèles des écoles sans immixtion dans l’œuvre de l’éducation. Les universités sont les modèles des écoles avec cette immixtion. Dans ces établissements les élèves sont liés par un certain cours, par le programme, par le choix de certaines sciences, par l’exigence des examens et, principalement, par les droits que comportent ces examens, ou, ce qui est encore plus juste, par la privation de certains droits dans le cas d’inobservance des conditions prescrites. (L’étudiant de quatrième année qui passe l’examen est sous la menace d’une punition des plus pénibles : la perte des dix ou douze années de travail au lycée et à l’université, et la privation des avantages en vue desquels il a supporté douze années de contrainte). Dans ces institutions tout est fait de telle façon que l’élève, sous la menace de punition, accepte cet élément éducateur et adopte les croyances, les convictions, le