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certains membres de la société, au sens étroit de haute bureaucratie, sont raisonnables, mais dès qu’on a voulu faire des universités des institutions pour instruire toute la société russe, il s’est trouvé qu’elles ne valaient rien. Je ne comprends pas du tout pourquoi, dans le corps des cadets, les uniformes et la discipline sont reconnus nécessaires et dans les universités, où l’enseignement est juste le même, — l’examen, la contrainte, un programme établi, l’absence du droit de déserter et de ne pas fréquenter les cours, — on parle toujours de liberté et l’on pense se passer des moyens en usage au corps des cadets.

Que l’exemple des universités allemandes ne nous gêne pas. Nous ne pouvons rien prendre aux Allemands. Pour eux chaque coutume, chaque loi est sacrée, et pour nous, heureusement ou malheureusement, c’est le contraire. Tout le malheur de l’instruction universitaire, et de l’instruction en général, provient principalement des hommes qui ne raisonnent pas mais qui se soumettent aux idées du siècle et supposent par là qu’on peut servir deux maîtres. Ce sont ces mêmes gens qui, aux idées que j’ai exprimées plus haut, répondent : « C’est vrai, l’époque où l’on battait les enfants à l’école, où on les forçait d’apprendre par cœur est passée depuis longtemps, mais avouez que parfois il est impossible de se passer de verges et de ne pas obliger les enfants à apprendre par cœur. Vous