Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et croit possible d’écarter de l’élève toute influence non scolaire. Ainsi agit en pratique l’éducation.

En se basant sur cette opinion, naturellement on confond la culture et l’éducation, car on reconnaît que, sans cette dernière, il n’y aurait pas de culture. Ces derniers temps, depuis qu’on a commencé à reconnaître vaguement le besoin de la liberté de l’instruction, les meilleurs pédagogues sont arrivés à la conviction que l’enseignement est l’unique moyen de l’éducation, mais qu’il doit être obligatoire, et c’est pourquoi ils confondent les trois conceptions : éducation, culture et enseignement.

D’après les pédagogues théoriciens, l’éducation c’est l’action d’un homme sur un autre ; elle comprend trois actions différentes :

1o L’influence morale ou par contrainte de l’éducateur, — sa façon de vivre, les punitions ;

2o L’instruction et l’enseignement ;

3o La réglementation des influences de la vie sur l’élève. L’erreur et la confusion des conceptions, selon nous, provient de ce que la pédagogie a pour objet l’éducation et non la culture et ne voit pas l’impossibilité pour l’éducation de pouvoir mesurer et définir toutes les influences de la vie. Chaque pédagogue pense que la vie a son influence avant l’école et après l’école et qu’elle dure, malgré tous les soins qu’on met à l’écarter, pendant toute la période scolaire. Cette influence est si forte que, dans la plupart des cas, toute l’influence de l’édu-