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IV

Après la rencontre de Viazma, où Koutouzov ne pouvait retenir ses troupes du désir de renverser, de couper les Français en fuite poursuivis par les Russes, jusqu’à Krasnoié il n’y eut pas de bataille. La fuite était si rapide que l’armée russe qui poursuivait les Français ne pouvait les rejoindre, que les chevaux de la cavalerie et de l’artillerie s’arrêtaient, et que les renseignements sur le mouvement des Français étaient toujours inexacts.

Les soldats de l’armée russe étaient si fatigués de cette course ininterrompue de quarante verstes par jour, qu’ils ne pouvaient avancer plus rapidement.

Pour concevoir le degré de fatigue de cette armée, il suffit de comprendre la signification de ce fait qu’après avoir perdu en tués et blessés, pendant tout le mouvement de Taroutino, cinq mille hommes au plus et pas même cent prison-