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de la milice dans l’armée active). Sonia, dans la salle, assistait à l’emballage des cristaux et des porcelaines. Natacha était assise dans sa chambre dont le parquet était couvert de robes, de rubans, d’écharpes en désordre. Le regard fixé sur le sol, elle tenait entre ses mains une vieille robe de bal, déjà démodée, celle qu’elle avait pour aller la première fois au bal à Pétersbourg.

Natacha était honteuse de ne rien faire dans la maison quand tout le monde était si occupé et, plusieurs fois depuis le matin, elle avait essayé de se mettre à quelque besogne. Mais son âme n’y était pas, et elle ne savait pas s’adonner à une occupation sans y mettre toute son âme, toutes ses forces. Elle venait près de Sonia, à l’emballage des cristaux ; elle voulait l’aider, mais, aussitôt, repartait dans sa chambre pour emballer ses propres affaires. Elle s’amusa d’abord en distribuant des robes et des rubans aux femmes de chambre, mais quand il fallut se mettre sérieusement à la besogne, elle trouva que c’était ennuyeux.

— Douniacha, ma petite colombe, tu emballeras ?

— Oui, oui !

Et quand Douniacha, très volontiers, lui promit de tout faire, Natacha s’assit sur le parquet, prit sa robe de bal et se mit à penser à tout autre chose qu’à ce qui devait l’occuper actuellement. Les conversations des femmes de chambre, dans la pièce