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des chevaux, des selles, des couvertures et divers autres objets. Il fallait s’arrêter avec tout cela ; il fallait mettre à l’abri les prisonniers, les canons, partager le butin, crier et même se battre entre soi. Les Cosaques s’acquittaient de tout cela.

Les Français, n’étant plus poursuivis, commencèrent à se ressaisir. Ils se réunirent en détachement et se mirent à tirer. Orlov Denissov, attendant toujours les colonnes, n’avançait plus.

Cependant, selon la disposition : die erste Colonne marschirt, etc., un régiment d’infanterie, des colonnes en retard, que commandait Benigsen et que dirigeait Toll, partirent comme il fallait, et, naturellement, arrivèrent quelque part mais pas où c’était indiqué. Comme il arrive toujours, les soldats partis très gais commençaient à s’attrister. On entendait des conversations, on était mécontent de tout ce désordre. Les régiments retournèrent en quelque endroit ; les aides de camp et les généraux qui galopaient, criaient, se fâchaient, se querellaient, disaient qu’on n’allait pas où il fallait, qu’on était parti en retard, invectivaient quelqu’un, etc., et enfin, tous, avec un geste d’indifférence, avançaient à seule fin d’aller quelque part. « Ils arriveront bien quelque part ! » Et en effet, ils arrivèrent, mais pas à l’endroit indiqué, quelques-uns y vinrent, mais en retard, si bien qu’ils ne furent bons qu’à servir de cible. Toll, qui dans cette bataille jouait le rôle de Veyroter à la bataille d’Austerlitz, galo-