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qu’elle voyait maintenant. Alors elle n’avait rien vu, et racontait ce qui lui passait en tête, mais ce qu’elle disait maintenant lui paraissait vrai comme tout autre souvenir.

Ce qu’elle avait dit alors : qu’il la regardait et lui souriait, qu’il était couvert de quelque chose de rose, non seulement elle se le rappelait mais elle était fermement persuadée qu’elle l’avait dit alors et l’avait vu enveloppé d’une couverture rose, précisément rose, et les yeux clos,

— Oui, oui, rose, c’est vrai, dit Natacha qui maintenant aussi semblait se rappeler que Sonia avait dit rose, et elle voyait en cela une extraordinaire et mystérieuse preuve de prédiction.

— Mais, qu’est-ce que cela signifie ? demanda Natacha pensive.

— Ah ! je ne sais pas. Comme tout cela est extraordinaire ! dit Sonia en se prenant la tête. Quelques minutes après le prince André sonna. Natacha vint près de lui, et Sonia, éprouvant une émotion inattendue et rare, resta près de la fenêtre, réfléchissant à tout l’extraordinaire de ce qui était arrivé.




Ce jour-là, l’occasion s’offrait d’expédier des lettres à l’armée, et la comtesse écrivit à son fils.

— Sonia, dit-elle en levant la tête de dessus sa lettre, quand sa nièce passa devant elle, Sonia,