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causaient respectueusement avec le supérieur qui était venu faire visite à de vieilles et fidèles connaissances. Sonia, assise avec eux, était tourmentée par la curiosité de savoir ce que se disaient le prince André et Natacha. À travers la porte arrivaient les sons de leurs voix. La porte de la chambre du prince André s’ouvrit et Natacha, le visage ému, en sortit sans remarquer le moine qui se levait à sa rencontre et retenait la large manche de sa main droite.

Elle s’approcha de Sonia et lui prit la main.

— Natacha, qu’as-tu donc ? Viens ici, dit la comtesse.

Natacha vint recevoir la bénédiction et le supérieur lui conseilla de demander aide à Dieu et à ses saints.

Aussitôt après le départ du supérieur, Natacha prit son amie par la main et alla avec elle dans la chambre où il n’y avait personne.

— Sonia. Oui ! Il vivra ! dit-elle. Sonia, je suis heureuse et malheureuse ! Sonia, ma chérie, tout comme autrefois, seulement qu’il vive ! Il ne peut pas… parce que… parce que… Et Natacha se mit à pleurer.

— C’est ça ! Je le savais ! Grâce à Dieu, il vivra ! prononça Sonia.

Sonia était non moins émue que son amie par sa crainte, sa douleur et ses pensées personnelles qu’elle ne racontait à personne. En sanglotant, elle embrassait et consolait Natacha. « Qu’il vive seule-