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l’éducation de son neveu dont elle se sentait incapable. Mais au fond de son âme il y avait la satisfaction intérieure qui venait de la conscience d’avoir étouffé en elle les rêves personnels et les espoirs liés à l’apparition de Rostov.

Le lendemain de sa soirée, la femme du gouverneur arriva chez madame Malvintzeva et, quand après avoir parlé de ses projets avec la tante (en faisant observer que si dans les circonstances actuelles on ne pouvait penser à des fiançailles officielles, on pouvait cependant réunir les deux jeunes gens et leur permettre de se mieux connaître) et reçu son approbation, la femme du gouverneur, en présence de la princesse Marie, fit l’éloge de Rostov et raconta qu’il avait rougi en entendant parler d’elle, celle-ci éprouva non pas un sentiment joyeux, mais un sentiment maladif. Son harmonie intérieure n’existait plus et de nouveaux désirs, de nouveaux doutes, de nouveaux espoirs se soulevaient en elle.

Pendant les deux jours qui s’écoulèrent entre cette nouvelle et la visite de Rostov, la princesse Marie ne cessa de penser à l’attitude qu’elle devait prendre devant lui. Tantôt elle décidait qu’elle ne se rendrait pas au salon quand il viendrait chez sa tante, que ce n’était pas convenable pour elle, en si grand deuil, de recevoir des invités ; tantôt elle pensait que ce serait grossier après ce qu’il avait fait pour elle ; tantôt il lui venait en tête que sa tante