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ville était plus animée à cause de la présence de plusieurs familles riches de Moscou et qu’on y remarquait, comme en tout ce qui se passait alors en Russie, une ampleur particulière, et encore par ce fait que cette conversation banale, toujours nécessaire dans la société et qui autrefois roulait sur le beau temps et les connaissances communes, roulait maintenant sur Moscou, l’armée, Napoléon.

La société réunie chez le gouverneur était la meilleure société de Voronèje.

Il y avait beaucoup de dames ; Nicolas avait connu certaines d’entre elles à Moscou, mais personne, parmi les messieurs, ne pouvait rivaliser avec le chevalier de la croix de Saint-Georges, le hussard de la remonte et en même temps le très bon et très bien élevé comte Rostov. Parmi les messieurs, il y avait un officier italien, prisonnier de l’armée française, et Nicolas sentit que la présence de ce prisonnier augmentait encore plus son importance personnelle comme héros russe : c’était comme un trophée. Nicolas le sentait et il lui semblait que tous regardaient du même œil cet Italien, et Nicolas se montrait protecteur avec dignité et modération.

Aussitôt que Nicolas parut en uniforme de hussard en répandant autour de lui une odeur de parfum et de vin et prononça lui-même et entendit plusieurs voix prononcer : Mieux vaut tard que jamais, tous l’entourèrent, tous les regards se por-