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qui intrigue contre lui (il y en a toujours et plus d’un), propose un nouveau projet diamétralement opposé au plan de sortie sur la route de Kalouga. Le commandant en chef lui-même est à bout de forces, il a besoin de sommeil, de repos. À ce moment un général très respecté, qui n’a pas reçu de décoration, vient se plaindre. Les habitants implorent qu’on les défende. Un officier, envoyé pour reconnaître le pays, arrive et rapporte des choses tout à fait opposées à celles qu’a dites l’officier envoyé avant lui, et l’émissaire, un prisonnier, et le général qui a fait les reconnaissances décrivent tous différemment la position de l’armée ennemie. Les hommes qui ne comprennent pas ou oublient les conditions nécessaires de l’activité d’un commandant en chef nous présentent la situation de l’armée à Fili et supposent que le commandant en chef pouvait, le 1er septembre, résoudre tout à fait librement la question : faut-il abandonner ou défendre Moscou ? alors qu’avec la situation de l’armée russe à cinq verstes de Moscou, cette question ne pouvait se poser. À quel moment se décidait donc cette question ? Elle le fut sous Drissa et Smolensk, et d’une façon plus terrible le 24, sous Schévardine, le 26 sous Borodino et chaque jour, à chaque heure, à chaque instant de la retraite de Borodino jusqu’à Fili.