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tuelle du bourdonnement de dizaines de mille abeilles qui menacent de leurs aiguillons et, avec un battement rapide des ailes produisent un son léger, vivant, au lieu de cela, des bourdonnements isolés, qui éclatent dans divers endroits de la ruche vide, seuls lui répondent. De la ruche ne s’exhale pas, comme auparavant, l’odeur parfumée du miel et du poison ; il n’en vient pas de chaleur, mais à l’odeur du miel se mêle un relent d’inhabité et de pourri. Il n’y a plus là-bas de gardiens prêts à périr pour la défense de la ruche et qui donnent l’alarme et soulèvent leur abdomen. Il n’y a plus ce son régulier et doux, ce frémissement ouvrier semblable au bruit de l’ébullition. Mais on entend les bruits isolés du désordre. Dans la ruche volent puis sortent, timidement, à la dérobée, les abeilles voleuses, noires, longues, couvertes de miel. Elles ne piquent pas, elles s’éloignent du danger. Auparavant les abeilles entraient dans la ruche avec un butin et en sortaient nues. Maintenant elles sortent avec le butin. L’apiculteur ouvre la partie inférieure et la regarde attentivement : au lieu des abeilles grasses, fatiguées de travail, noires, pendues jusqu’au bas, se tenant par les pattes et qui, avec le bourdonnement ininterrompu du travail tirent la cire, ce sont des abeilles à demi endormies qui errent de divers côtés, en bas et sur les parois de la ruche. Au lieu du sol bien collé et balayé par les ailes, en bas, il y a des miettes, des excréments d’abeilles, des