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assise dans la voiture, près de la comtesse et regardant les murs de Moscou abandonnée et bouleversée qui défilaient lentement sous ses yeux. De temps en temps, elle se penchait à la portière et regardait en avant et en arrière le long convoi de blessés qui les précédait.

Presque au commencement, elle apercevait la capote de la calèche du prince André. Elle ne savait pas qui était dedans. À chaque fois, en regardant le convoi, elle la cherchait des yeux. Elle savait qu’elle était tout à fait en avant. À Koudrino, à la hauteur des rues Nikitzkaïa, Presnia et du boulevard Podnovinski, le convoi des Rostov rencontra quelques convois semblables, et dans la rue Sadovaïa, les voitures et les chariots marchaient déjà sur deux rangs.

En contournant la tour Soukharéva, Natacha qui regardait avec curiosité les personnes qui passaient à pied ou en voiture, tout à coup étonnée et joyeuse, s’écria :

— Mes aïeux ! Maman ! Sonia ! regardez, c’est lui !

— Qui ? qui ?

— Regardez ! je vous jure que c’est Bezoukhov !

Et Natacha se penchait à la portière pour regarder un homme de haute taille, gros, en habits de cocher, et évidemment, à en juger par l’allure, un seigneur déguisé. À ses côtés, était un petit vieillard jaune, imberbe, en capote de frise. Ils