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Tous les familiers, comme pour prendre leur revanche de ne l’avoir pas fait auparavant, se mirent avec ardeur à cette nouvelle besogne.

Les blessés sortirent des chambres. Avec des visages pâles, joyeux, ils montèrent dans les chariots.

Dans les maisons voisines le bruit se répandit aussi qu’il y avait des chariots, et les blessés qui s’y trouvaient accoururent chez les Rostov. Plusieurs blessés demandaient à ne pas ôter les bagages et seulement à se mettre dessus. Mais une fois la résolution prise on ne pouvait pas s’arrêter. Il devenait indifférent d’abandonner tout ou la moitié. Les caisses de vaisselle, de bronzes, de tableaux, de miroirs qu’on avait emballés avec tant de soin la nuit précédente étaient dans la cour, et l’on cherchait toujours et l’on trouvait la possibilité de déballer encore et encore et de donner encore des chariots.

— On peut en prendre encore quatre, dit le gérant. Je donne mon chariot, autrement où les mettre !

— Mais donnez le chariot de ma garde-robe, dit la comtesse. Douniacha s’installera avec moi dans la voiture.

On donna encore le chariot de la garde-robe et on l’envoya prendre des blessés, deux maisons plus loin. Tous les familiers et les domestiques étaient gais et animés. Natacha se trouvait dans