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— Petite mère, petite colombe, pardonnez-moi.

La comtesse repoussa sa fille et s’approcha du comte.

— Mon cher, donne des ordres comme il faut… je ne sais pas… dit-elle en baissant les yeux.

— Les poussins… les poussins… enseigner la poule, prononça le comte à travers des larmes de joie.

Il embrassa sa femme qui cacha sur sa poitrine son visage honteux.

— Petit père, petite mère, peut-on donner des ordres, peut-on ? interrogeait Natacha. Quand même, nous prendrons le plus nécessaire, dit-elle.

Le comte affirma de la tête, et, d’un pas rapide, Natacha courut de la salle dans l’antichambre et de l’escalier dans la cour.

Les domestiques réunis autour de Natacha ne purent croire à cet ordre étrange qu’elle leur donnait jusqu’à ce que le comte lui-même, au nom de sa femme, eût confirmé l’ordre de donner tous les chariots pour les blessés et de porter les caisses dans la cave. Dès qu’ils eurent compris l’ordre, les domestiques se mirent à l’exécuter avec une joie fiévreuse. Maintenant, non seulement cela ne leur paraissait pas étrange, mais il leur semblait que ce ne pouvait être autrement, de même qu’un quart d’heure auparavant personne ne trouvait étrange d’emporter les meubles et de laisser là les blessés.