Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Du reste, messieurs, je n’aime point, quant à moi, l’obscurité. J’aime la lumière et je veux vivre au milieu d’elle. Si quelques-uns d’entre vous conservent des doutes sur mes opinions, qu’ils me fassent l’honneur de venir me voir, j’achèverai de me montrer à eux sans détour. Si l’on préfère m’écrire, qu’on le fasse ; je répondrai. Si, enfin, le corps électoral tout entier veut m’entendre, je suis prêt à paraître au milieu de lui et m’exposer de tous les côtés à ses regards. J’ai toujours pensé que, pour un homme qui se destine à la vie publique, la véritable dignité ne consistait pas à éluder des interpellations, mais à y répondre. Cela est vrai du candidat, plus vrai encore du député. Il faut que le député vive en quelque sorte en présence du corps électoral : qu’il lui explique ses votes du haut de la tribune, s’il a le talent d’y monter, ou que du moins il les lui fasse connaître par des rapports directs qui, pour être utiles et paraître sincères, doivent être fréquents.

Je répète donc que je répondrai, et sur-le-champ, à toutes les interpellations individuelles ou collectives qui me seront faites. C’est ma volonté, c’est mon devoir. Quant aux lettres anonymes et surtout à celles qu’on publie le jour de l’élection, afin qu’on n’ait pas le temps d’y répondre, je n’ai rien à en dire, sinon que ce sont de lâches et déloyales manœuvres que les honnêtes gens de tous les partis flétrissent.

Je vous ai montré avec netteté mes opinions ; je vous montrerai de même ma position présente.

Ce n’est point moi qui ai contribué à amener la situation grave et périlleuse où nous sommes, puisque je n’avais aucun accès ni dans les conseils de la couronne, ni dans les Chambres. Je suis un homme nouveau qui n’apporte dans les circonstances nouvelles qui se présentent qu’un esprit libre, un amour ardent et sincère du gouvernement représentatif, et de la dignité du pays. Cette position, que les circonstances m’ont faite, je la garderai, quoi qu’il arrive, non-seulement par respect pour moi-même, mais, je ne crains