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largeur. Sur le sommet et le long de cette île factice on établirait d’abord deux cordons de pierres d’un mètre de hauteur. Le premier, tourné du côté de la rade et à l’abri de la mer, pouvait n’être formé que par un amas de pierres sèches. Le second, qui devait garnir le bord de l’île, du côté du large, serait composé de grands blocs de pierre factice. Ces blocs, tous de même forme et de même grandeur (trois mètres de longueur, deux mètres de largeur, un mètre de hauteur), seraient posés bout à bout, de manière à former un obstacle continu. Ces blocs seraient faits avec du béton, c’est-à-dire avec un mélange de sable, de cailloux et de chaux hydraulique, qu’on coulerait à demi liquide dans des caisses ou moules en bois ayant toutes la forme et la grandeur indiquées ci-dessus. Le béton, défendu contre l’action de la mer par le bois, devait avoir le temps de durcir complètement avant que la caisse fût détruite. Entre le cordon de pierres naturelles allongées du côté de la rade et le cordon de pierres factices posé du côté du large, se trouverait un espace vide. C’est là qu’on fonderait le mur de la digue, non pas par une maçonnerie faite à mains d’hommes, mais à l’aide d’une seule couche de béton épaisse d’un mètre. On profiterait du moment où la mer achèverait de se retirer pour faire corder à la hâte cette espèce de rivière de mortier liquide dans le lit qui aurait été préparé pour elle ; elle se figerait bientôt et finirait par se transformer en une muraille compacte d’une seule pièce. Sur cette première assise on placerait de nouveau deux cordons de pierres, mais comme cette fois l’ouvrage s’exécutait à un mètre au-dessus du niveau des basses mers, on n’emploierait plus pour faire les cordons des pierres factices, mais des blocs naturels taillés et posés à mains d’homme, ce qui est toujours plus solide. Entre ces deux nouveaux cordons, on coulerait un nouveau lit de béton d’un mètre de hauteur. Sur celui-là on établirait de nouveaux cordons et on coulerait un troisième lit de béton. Parvenu de cette manière à