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CHAPITRE VII


SUITE DES CHAPITRES PRÉCÉDENTS.


Je crois qu’il est plus facile d’établir un gouvernement absolu et despotique chez un peuple où les conditions sont égales que chez un autre, et je pense que si un pareil gouvernement était une fois établi chez un semblable peuple, non seulement il y opprimerait les hommes, mais qu’à la longue il ravirait à chacun d’eux plusieurs des principaux attributs de l’humanité.

Le despotisme me paraît donc particulièrement à redouter dans les âges démocratiques.

J’aurais, je pense, aimé la liberté dans tous les temps ; mais je me sens enclin à l’adorer dans le temps où nous sommes.

Je suis convaincu, d’autres parts, que tous ceux qui, dans les siècles où nous entrons, essaieront d’appuyer la liberté sur le privilége et l’aristocratie échoueront. Tous ceux qui voudront attirer et retenir l’autorité dans le sein d’une seule classe échoueront. Il n’y a pas, de