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CHAPITRE XII


COMMENT LES AMÉRICAINS COMPRENNENT L’ÉGALITÉ DE L’HOMME ET DE LA FEMME.


J’ai fait voir comment la démocratie détruisait ou modifiait les diverses inégalités que la société fait naître ; mais est-ce là tout, et ne parvient-elle pas enfin à agir sur cette grande inégalité de l’homme et de la femme, qui a semblé, jusqu’à nos jours, avoir ses fondements éternels dans la nature ?

Je pense que le mouvement social qui rapproche du même niveau le fils et le père, le serviteur et le maître, et, en général, l’inférieur et le supérieur, élève la femme, et doit de plus en plus en faire l’égale de l’homme.

Mais c’est ici, plus que jamais, que je sens le besoin d’être bien compris ; car, il n’y a pas de sujet sur lequel l’imagination grossière et désordonnée de notre siècle se soit donné une plus libre carrière.

Il y a des gens en Europe, qui, confondant les attributs divers des sexes, prétendent faire de l’homme et de la femme des êtres, non seulement égaux, mais sem-