Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 3.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE IV


CONSÉQUENCES DES TROIS CHAPITRES PRÉCÉDENTS.


Lorsque les hommes ressentent une pitié naturelle pour les maux les uns des autres, que des rapports aisés et fréquents les rapprochent chaque jour sans qu’aucune susceptibilité les divise, il est facile de comprendre qu’au besoin ils se prêteront mutuellement leur aide. Lorsqu’un Américain réclame le concours de ses semblables, il est fort rare que ceux-ci le lui refusent, et j’ai observé souvent qu’ils le lui accordaient spontanément avec un grand zèle.

Survient-il quelque accident imprévu sur la voie publique, on accourt de toutes parts autour de celui qui en est victime ; quelque grand malheur inopiné frappe-t-il une famille, les bourses de mille inconnus s’ouvrent sans peine ; des dons modiques, mais fort nombreux, viennent au secours de sa misère.

Il arrive fréquemment, chez les nations les plus civilisées du globe, qu’un malheureux se trouve aussi isolé au milieu de la foule que le sauvage dans ses bois ; cela ne se voit presque point aux États-Unis. Les Américains,