Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de 1832, il fit une loi par laquelle, sans céder aux nouvelles républiques de l’Ouest la propriété de leurs terres incultes, il appliquait cependant à leur profit seul la plus grande partie du revenu qu’on en tirait[1].

Il suffit de parcourir les États-Unis pour apprécier les avantages que le pays retire de la Banque. Ces avantages sont de plusieurs sortes ; mais il en est un surtout qui frappe l’étranger : les billets de la Banque des États-Unis sont reçus à la frontière des déserts pour la même valeur qu’à Philadelphie, où est le siège de ses opérations[2].

La Banque des États-Unis est cependant l’objet de grandes haines. Ses directeurs se sont prononcés contre le Président, et on les accuse, non sans vraisemblance, d’avoir abusé de leur influence pour entraver son élection. Le Président attaque donc l’institution que ces derniers représentent avec toute l’ardeur d’une inimitié personnelle. Ce qui a encouragé le Président à poursuivre ainsi sa vengeance, c’est qu’il se sent appuyé sur les instincts secrets de la majorité.

La Banque forme le grand lien monétaire de l’Union comme le Congrès en est le grand lien législatif, et les

  1. Le Président refusa, il est vrai, de sanctionner cette loi, mais il en admit complètement le principe. Voyez Message du 8 décembre 1833.
  2. La Banque actuelle des États-Unis a été créée en 1816, avec un capital de 35,000,000 de dollars (185,500,000 F) : son privilège expire en 1836. L’année dernière, le Congrès fit une loi pour le renouveler ; mais le Président refusa sa sanction. La lutte est aujourd’hui engagée de pan et d’autre avec une violence extrême, et il est facile de présager la chute prochaine de la Banque