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cipale, chaque idée a un chapitre auquel elle est renvoyée par un signe. On ne saurait songer sans doute à publier de pareils matériaux, destinés à la construction d’un édifice dont le plan a été conçu, mais qui ne s’est point élevé. Il m’a semblé cependant que le lecteur ne lirait pas sans curiosité et peut-être sans intérêt quelques-unes de ces notes, où se révèle l’idée de l’œuvre qui se préparait. On en trouvera donc un petit nombre dans le tome huitième, à la suite des nouveaux chapitres inédits, faisant suite à l’Ancien Régime et la Révolution. Ce ne sont que des esquisses, des tâtonnements, mais où s’aperçoivent déjà le génie et le style de Tocqueville. Citons-en un exemple. Je trouve parmi les manuscrits une page datée de Sorrente, décembre 1850. C’est l’époque où Tocqueville avait conçu le plan de ce grand ouvrage ; alors que déjà il en traçait les vastes proportions, et qu’à travers les tableaux divers qui s’offraient en foule à son imagination, il rencontrait sans cesse la grande figure de Napoléon. Cette note est écrite sur un chiffon de papier ; elle est presque illisible. Je la déchiffre cependant au moyen d’un vrai travail hiéroglyphique.

« Sorrente, décembre 1850.

« …Ce que je voudrais peindre, c’est moins les faits en eux-mêmes, quelque surprenants et grands qu’ils soient, que l’esprit des faits, moins les différents actes