Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 1.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il ne concourt pas réellement à la faire, puisque, en refusant son assentiment, il ne peut l’empêcher d’exister. Il ne fait donc point partie du souverain ; il n’en est que l’agent.

Non seulement le roi, en France, constitue une portion du souverain, mais encore il participe à la formation de la législature, qui en est l’autre portion. Il y participe en nommant les membres d’une chambre, et en faisant cesser à sa volonté la durée du mandat de l’autre. Le président des États-Unis ne concourt en rien à la composition du corps législatif et ne saurait le dissoudre.

Le roi partage avec les chambres le droit de proposer la loi.

Le président n’a point d’initiative semblable.

Le roi est représenté, au sein des chambres, par un certain nombre d’agents qui exposent ses vues, soutiennent ses opinions, et font prévaloir ses maximes de gouvernement.

Le président n’a point entrée au congrès ; ses ministres en sont exclus comme lui-même, et ce n’est que par des voies indirectes qu’il fait pénétrer dans ce grand corps son influence et ses avis.

Le roi de France marche donc d’égal à égal avec la législature, qui ne peut agir sans lui, comme il ne saurait agir sans elle.

Le président est placé à côté de la législature, comme un pouvoir inférieur et dépendant.

Dans l’exercice du pouvoir exécutif proprement dit,