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JOURS DE BATAILLE

réglementaires ; mais au lieu de me les mettre aux pieds, gentiment, comme faisait le brave prêtre de Kharié-Djami, il me les jette à la volée… Attrape, si tu peux, chrétienne impure !

Il doit être réactionnaire, ce bedeau-là !

Traînant les pieds, je suis le gracieux personnage qui, paraît-il, nous invite à ne pas rester longtemps. Ses clefs à la main, il grommelle dans sa barbe ronde, et je crois que, lui aussi, critique mon chapeau marron, un chapeau à la mode de 1909, qui ressemble à une cloche, ou à une ruche, et qui était si charmant à Paris… Mais évidemment, dans une mosquée, il paraît bizarre…

Elle n’est pas très grande, mais elle est bien belle, la mosquée de Rustem-Pacha ! Elle est un jardin sans hiver, un jardin aux mille fleurs d’émail. Les piliers, jusqu’à la coupole, sont couverts de faïences persanes, où s’enroulent des liserons géométriques, où s’entremêlent les œillets, les tulipes, les palmes et les plumes de paon, de tous les verts, de tous les bleus, émeraude, saphir, jade et turquoise.