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ET DE RÉVOLUTION

rain menacé, au nom de la religion méconnue. Qu’on les pousse demain contre les étrangers, ils nous égorgeront sans scrupule ! Et pourtant, ils ne sont pas, en majorité, les brutes révoltantes que les journaux dépeignent…

On me dit : « Quelques officiers Jeunes-Turcs, membres du Comité, ont été maladroits en faisant une sorte de propagande anticléricale. Certains négligeaient les obligations rituelles et s’en moquaient tout haut, devant leurs hommes. D’autres qui avaient trop vécu à Paris — ou à Péra — ne se cachaient pas pour aller dans les cafés et lire des journaux pornographiques. Un jour les soldats déchirèrent des numéros du Froufrou et du Sourire, en disant :

— Voilà ce que lisent nos chefs : des journaux où l’on voit des femmes nues… De tels hommes ne méritent-ils pas d’être assassinés ?…

Je ne me porterai pas garant de l’authenticité de ces histoires, et je les rapporte seulement à titre documentaire. Elles ont pourtant un fond de vérité. Le Turc qui a perdu