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LA VIE AU HAREM

sans cesse du côté de l’Europe… Et il y a aussi les femmes plus jeunes, élevées tout à la franque, celles qui n’ont jamais eu, même dans leur enfance, le vieil idéal héréditaire, celles qui sont devenues sceptiques et révoltées, dès leur premier tcharchaf.

Ah ! certes, il faut les plaindre, celles-là, ces Turques de l’heure présente, qui ne comprennent plus le langage de leurs aïeules, et qui ne trouvent pas, sans difficultés, des maris appariés à elles. La culture qu’elles ont reçue leur a fait des âmes plus fines, plus riches, plus avides, qui ne savent où se prendre. Si le mariage ne leur apporte pas la douceur d’une affection intelligente, si la maternité ne canalise pas leur ardeur confuse et débordante, elles se déséquilibrent dans la rêverie pernicieuse et l’ennui stérile.

On répond à leurs plaintes : « Sachez attendre. Votre heure n’a pas sonné. En aidant, selon votre pouvoir, à l’avènement du nouveau régime, vous n’avez pas travaillé pour vous, mais pour les femmes qui naîtront de vous, vos