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LA VIE AU HAREM

triomphante se rencontrent dans une fête… Haloula, qui n’a pas mauvais cœur, prie Bédia de lui pardonner. Elle aime sincèrement le capitaine Maïl bey. Et elle explique qu’elle a connu la misère, que les hommes ont abusé de sa détresse, au lieu de la secourir, et qu’elle danse pour gagner sa vie.

« Oui, il y a eu des jours où ma mère, tenant un de mes frères par la main et moi, en portant sur le dos un autre emmaillotté, nous avons tendu notre main glacée par le froid aux passants. On ne nous fit même pas l’aumône de quelques paras. Tandis que lorsque je n’avais que douze ans, après avoir joué du tambourin, je le faisais circuler et des pièces blanches et des medjidiés pleuvaient dedans. Pour un frissonnement (sic) pendant la danse, pour un sourire, on m’ornait le front de pièces d’or. Cet or nous a permis de manger à notre faim, ce que nous voulions, et de prendre une bonne pour les enfants. Ils ont maintenant une gouvernante… »

Cette Haloula a des sentiments fraternels qui