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LA VIE AU HAREM

sommes menacés d’une catastrophe domestique. La cuisinière qui t’a vu, refuse de te servir à déjeuner. C’est une vieille paysanne, très fanatique, qui a nourri ma femme et qui est un peu servante maîtresse. Elle me menace des foudres d’Allah, et me traite d’impudique, parce que je te montre ma femme « toute nue », c’est-à-dire « tête nue ». Je te prie de patienter quelques minutes. Je vais persuader cette mégère…

Je restai donc avec la jeune femme, pendant que mon ami morigénait la cuisinière. Il nous avertit enfin que l’irascible musulmane consentait à préparer la nourriture du giaour. Et nous passâmes dans la salle à manger. La vieille apporta un plat qu’elle me servit à bout de bras, en détournant la tête. Elle était empaquetée et voilée hermétiquement, mais Hassan bey me dit :

— Elle te surveille, et fait une moue horrible en te regardant.

Dans l’après-midi, après une amicale conversation, Hassan voulut prendre du café. Ce