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LA VIE AU HAREM

J’aime tendrement Hassan bey, et il a pour moi une affection fraternelle. L’autre jour, après avoir dîné avec moi, il me dit :

— À ton tour, tu dîneras avec moi, mais non pas au restaurant, chez moi, à la campagne.

— Chez toi ?

— Je veux dire chez nous. Tu es presque mon frère. Je n’ai pas de préjugés, et ma confiance en toi est absolue. Tu dîneras avec ma femme.

Cette proposition d’Hassan bey était plus qu’audacieuse : elle était, au point de vue des convenances musulmanes, sacrilège et abominable. Je me défendis, par scrupule :

— Es-tu sûr que ta femme y consentira ?

— Ma femme n’a pas d’autre volonté que la mienne.

— C’est fort agréable pour toi, mais elle sera peut-être gênée… Elle gardera son voile, naturellement.

— Elle paraîtra devant toi le visage découvert et la tête nue comme une Française.