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LA VIE AU HAREM

née ne compte pas — adorent leur maîtresse qui les traite avec bonté. La petite esclave fait un service qui n’épuisera pas ses forces, prématurément ! Elle se traîne, musarde, chantonne et rit à propos de tout. Comme les couturières, animées d’un génie infernal, ont imaginé des corsages qui s’agrafent dans le dos, je ne puis me passer de la collaboration de cette jeune personne dont jamais, jamais je ne prononcerai convenablement le nom ! Nous nous entretenons par gestes, et quand je lui demande du savon, elle m’apporte mes gants !

Le vieux cuisinier, — il a aussi un nom terrible en ian, — est un artiste que j’apprécie beaucoup. Il triomphe dans la préparation des beureks au fromage et des artichauts à l’huile. La cuisine turque rappelle la cuisine provençale ou italienne, moins l’ail. Je n’ai de répugnance que pour le pilaf au sucre et pour les dolmas froides. Ces feuilles de vigne farcies de riz et de raisins, imprégnées d’huile, ne me plaisent pas.

Madame Ange connaît mon amie Selma