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LA VIE AU HAREM

grès, civilisation, j’ai aimé Zola. Oui, grand philosophe, mais ça ne me plaît pas comme il parle de l’amour…

» J’ai étudié aussi la botanique, l’histoire si jolie des fleurs, et toute la vie des bêtes. J’aimais les poésies qui racontent l’amour innocent.

» À treize ans, je me suis mariée, avec un garçon tout jeune que ma grand’mère avait choisi. Il était bête, ce garçon, pas civilisé du tout. Il médisait : « Pourquoi lis-tu ?… Pourquoi apprends-tu tant de choses ?… Moi, ça me fatigue… Seulement, je voudrais savoir ce qu’il y a dans le ciel et comment c’est fait la lune… » Je savais cosmographie. Je lui explique la lune, les montagnes, la neige, et comment ça tourne. Il me répond : « Tu te moques de moi. C’est tout petit, la lune. » Jamais il n’a pu comprendre le télescope. Pas civilisé du tout !

» Alors, je dis : « Nous devons divorcer… » Il veut bien. Pas méchant, ce garçon, un peu bête, mais pas méchant. Et quelques années après, je connais Djavid Pacha. J’étais riche