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PREMIERS JOURS

partir. Les médecins ont été très contents que je sois venue et les soldats aussi.

— Les soldats sont des gens du peuple, des paysans illettrés. Ils n’ont pas été choqués de vous voir la figure découverte, parmi les hommes ?

— Non. Ils ont très bien compris pourquoi j’étais venue. Les malades ne sont pas des hommes comme les autres, ni les médecins non plus. Les soldats ont été surpris seulement que d’autres dames n’aient pas fait comme moi.

— Soyez sûre que votre exemple n’a pas été perdu. D’autres femmes vous imiteront. Elles vous auraient imitée, dès maintenant, peut-être, mais tous les parents et tous les maris ne sont pas aussi libéraux que votre mère.

— Il y en a beaucoup, de très libéraux,… mais ils ont peur de l’opinion, de la populace. Ils comprennent pourtant que le relèvement de la femme est indispensable au progrès du pays, et même à la dignité de la famille. Croyez-vous que des enfants reçoivent une