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PREMIERS JOURS

deux quidams se précipitèrent sur lui et l’expulsèrent du lieu sacré, — tels les anges chassant Héliodore dans la fresque de Delacroix.

— Et même, ajoutait M. Sageret, ils me passèrent à tabac…

Je n’espérais donc pas traverser jamais la cour du Platane, et naturellement, j’en mourais d’envie… Toutes les femmes comprendront ça ! À Paris même, quand on lit, sur la porte d’un couloir, ou sur une palissade : « Le public n’entre pas ici », on est tenté d’entrer, pour rien, pour le plaisir. Si la pomme de l’arbre de science n’avait pas été déclarée « fruit défendu », la femme l’eût trouvée trop verte…

Donc, sans intention coupable, je suivis M. Bareille à Eyoub. M. Bareille est charmant. Amoureux de Stamboul et dévot de Byzance, il a les yeux très doux, les cheveux en désordre, la redingote mal coupée, l’âme exquise d’un vrai savant. Il ignore l’heure qu’il est et le temps qu’il fait. Il est indifférent aux gran-